Du fait de la spécificité de leurs activités et des contraintes autour d’un fonctionnement 24/24h et 7 jours sur 7, avec utilisation du chauffage l’hiver et de la climatisation l’été, les établissements sanitaires et médico-sociaux (ESMS) sont de très grands consommateurs d’énergie.
Ainsi, la facture énergétique du secteur est donc très importante, au point que qu’avec le secteur de la santé, ils représentent environ 15% des consommations d’énergie du secteur tertiaire en France. Autant dire que le levier de réduction possible est énorme.
A ce titre les ESMS sont donc concernés par les enjeux de gestion durable de l’énergie et doivent agir rapidement pour réduire leurs gaz à effet de serre. D’autant plus que le décret « relatif aux obligations d’actions de réduction de la consommation d’énergie finale dans des bâtiments à usage tertiaire » – dit « décret tertiaire » – pris en application de la loi ELAN en juillet 2019 leur impose une réduction de leurs émissions carbone à horizon 2030.
Comment réduire sa facture énergétique ?
A l’heure où la maîtrise des ressources naturelles est un enjeu national, il existe des solutions pour réduire la facture énergétique des établissements de santé.
Tout d’abord, un diagnostic énergétique complet est nécessaire car les consommations par postes peuvent différer d’un bâtiment à un autre. Il convient de prendre en compte la puissance d’un appareil mais aussi la fréquence et les conditions d’utilisation. Réaliser un diagnostic thermique contribue à définir un programme d’éventuels travaux à réaliser ainsi que des écogestes, tels que l’utilisation optimisée des éclairages, qui peuvent être communiqués aux occupants par le personnel.
Les actions à mettre en œuvre pour améliorer l’efficacité énergétique peuvent être réparties selon les postes les plus consommateurs :
- la gestion de l’énergie,
- le chauffage et la climatisation,
- l’eau chaude sanitaire,
- l’éclairage puis
- la production de froid.
Alors que, selon l’ADEME, une baisse de 1°C entraine une économie d’environ 7% de la facture énergétique, abaisser la température de chauffage est un exemple de solution facile à mettre en œuvre offrant un retour sur investissement rapide.
Parmi les autres solutions possibles, l’installation d’une chaufferie biomasse est particulièrement adaptée aux besoins des établissements de santé en raison de leurs fortes consommations régulières sur de longues saisons de chauffe.
Cependant, la question de la maîtrise des risques sanitaires n’est pas à négliger pour ce type de bâtiments. En effet, lors de la conception d’une climatisation, la puissance de celle-ci peut être diminuée grâce au renouvellement de l’air. Les systèmes sont également à étudier pour éviter toute contamination à la légionellose.
Des initiatives dans le médico-social
Des exemples d’initiatives dans le secteur médico-social existent.
Voici quelques exemples :
Production d’eau chaude par panneaux solaires :
Le Centre Hospitalier d’Hazebrouck a installé 142 m2 de panneaux solaires thermiques pour produire son eau chaude sanitaire (ECS).
Du solaire pour la santé :
Suite à un diagnostic énergétique, la clinique Saint-Roch à Cambrai a réalisé une extension de son bâtiment principal certifié BBC grâce à un chauffage géothermique, un éclairage photovoltaïque et une ECS produite par des panneaux solaires thermiques.
Wambrechies : extension en bois d’essence régionale pour la maison de retraite.
La résidence Obert abrite la maison de la retraite de la ville de Wambrechies. Cet EHPAD a étendu son bâtiment pour augmenter sa capacité d’accueil.
EPHAD au solaire à La Gorgue :
Le projet de reconstruction de l’EPHAD prévoit la mise en place d’une installation solaire thermique et vise une labellisation maison passive pour le plus grand confort des résidents.
Quand l’eau chaude vient du toit, par le solaire thermique à Thumeries :
La Maison d’accueil spécialisée de Thumeries a installé des panneaux solaires thermiques pour assurer le préchauffage de l’ECS nécessaire aux différents usages (balnéothérapie, lingerie, …) destinés à ses résidents.
Quels sont les dispositifs d’aides disponibles ?
Dans un contexte où la pression budgétaire sur les établissements médico-sociaux s’accroît d’année en année, le volet performance économique constitue un objectif important dans la mise en place d’actions de rénovation énergétique.
A travers le dispositif des Certificats d’économies d’énergie, les opérateurs d’énergie ont l’obligation d’accompagner les acteurs dans la réalisation de travaux de rénovation en vue de promouvoir l’efficacité énergétique.
Mis en place par le Ministère de la Transition écologique et solidaire, ce dispositif repose sur une obligation triennale de réalisation d’économies d’énergie en CEE (1 CEE = 1 kWh cumac d’énergie finale) imposée aux fournisseurs d’énergie (électricité, gaz, fioul domestique, chaleur et froid, carburants automobiles).
Les établissements médico-sociaux peuvent bénéficier des aides des fournisseurs d’énergie à condition de réaliser des travaux de rénovation, de construction ou d’autres opérations en faveur de l’efficacité énergétique. Près de 200 types de travaux différents sont éligibles, de l’isolation à la ventilation en passant par le chauffage. Au plus haut niveau depuis 2018, le montant des CEE a été multiplié par 4,5 en deux ans, passant de 7€ du mégawattheure à près de 9€. De plus, dans les calculs d’aides, celles allouées aux établissements de santé sont majorées.
En complément des CEE, plusieurs actions d’efficacité énergétique sont éligibles aux aides de l’ADEME dans le cadre du Fonds Chaleur, et des aides de ses directions régionales.